Les Géorgiques

L
'ambitieux projet de peindre un ensemble de tableaux inspirés par Les Géorgiques, le poème épopée de Virgile, vint en 1960 à Pierre Parsus après qu'il se fut installé à Remoulins. La campagne l'appela, il s'inspira des paysages, il y devint témoin de multiples travaux, des labours aux moissons ; il peignit les vendanges, se lia aux paysans.
Le beau projet, dès lors, lui parut comme vraiment dicté...
Deux ans passèrent... Un important collectionneur d'Avignon, Victor Martin qui venait en voisin et qui suivait en ami l'effort du peintre, en parla à Werther Merenciano, galeriste réputé au Vieux Port à Marseille. Celui-ci vint à Remoulins. Touché par les oeuvres, il en informa Jean Giono, lequel, toujours ouvert aux peintres, invita Pierre Parsus à venir à Manosque accompagné de toiles. Le peintre a fait un texte sur cette belle entrevue.
Jean Giono, séduit, présenta en 1963 par une préface, l'ensemble des 30 toiles à la ville de Marseille.
Disséminées, acquises, très peu d'entre elles sont désormais visibles aujourd'hui sur ce site...


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A Parsus par Jean Giono

Je vois beaucoup de vanité dans la décision d'exprimer "quelque chose d'informel" ; surtout si de surcroît on le proclame. Vanité, et un peu de frousse car, pourquoi ne pas proclamer, carrément, qu'on exprime quelque chose d'informe. Le mot Vous paraît péjoratif et contre-indiqué pour le commerce ? c'est cependant le mot juste. Informel n'est pas dans le Littré. Mais tenons-nous-en à la vanité ( qui se montre déjà dans l'emploi du néologisme). Rien n'est "informel". Tout a une forme. L'alphabet a une forme et la couleur qui sort d'un tube est obligée de prendre une forme. Alors, on me dit "non figuratif" ; c'est jouer, sur les mots : l'alphabet a une figure et la couleur qui sort du tube a forcément aussi une figure ; la preuve est que les peintres "informels ou non figuratifs" sont forcés de donner une forme, une figure à leurs couleurs : c'est une tâche, c'est une ligne, c'est une figure géométrique, c'est tout ce qu'on veut sans qu'on puisse sortir de la nécessité absolue de donner une forme quelconque à l'expression (ou à l'écriture).
Je connais par expérience la loi des accords et celle des désaccords. Je sais (toujours par l'expérience de mon propre métier) qu'il est profitable d'obéir à l'une et à l'autre en les faisant se succéder ou se marier. Je sais qu'elles peuvent jouer, l'une et l'autre sans le recours de l'anecdote. Mais l'anecdote ne me gêne pas. Elle ne me gênerait que si j'étais incapable de la choisir ou de l'inventer. Qu'un rouge soit plus beau qu'un vert (pour parler le plus bêtement possible) je le sais ; mais, que ce rouge soit en forme de pomme et ce vert en forme de feuille ou en toutes choses qui soient naturellement rouges et vertes (ou le contraire) ne porte pas en soi condamnation de mon Art.
La vérité, bien sûr, est qu'il est plus facile et en même temps plus arrogant (deux avantages pour les vaniteux un peu froussards) de donner à mon rouge et à mon vert une forme qui n'ait pas d'équivalence dans l'anecdote, une "forme personnelle" (et encore) à un trait, un rond, un triangle, un carré, une flaque, une goutte, n'importe quoi. Le n'importe quoi ébahissant facilement le n'importe qui, c'est le départ d'exégèses sans fin, le ralliement des "grands gousiers" (à qui il faut toujours quelque chose à dire) et d'une bonne moitié, disons même les trois quarts, des timides. Voilà, une boutique achalandée, je n'en disconviens pas.
Mais il faut parler peinture.
Alors on se tourne vers des gens peu malins et qui ne brilleraient pas dans les cénacles. La plupart du temps, ils sont enfouis (ou ils sont allés s'enfouir) dans une province pulpeuse. Ils sont à l'origine des choses. C'est une situation dans laquelle l'intelligence ne peut pas se séparer du coeur.
C'est le cas de PARSUS. Il ne travaille pas au microscope intellectuel. Quand il voit un cheveu, il ne le coupe pas en quatre, il en réunit, des tresses, des nattes et des chignons, il n'a pas peur de la forme. Il a vu lentement, autour de lui, au rythme des saisons, rouer les couleurs des Géorgiques ; avec la même lenteur et le même rythme, il s'y est ajouté humble et courageux pour les exprimer. Il arrive ainsi tout naturellement dans des positions qu'au bout de toutes leurs gesticulations voudraient bien occuper les "Informels" et les "Non figuratifs". Mieux que dans le "néo-plasticisme" l'Art est ici libéré de tout caractère individuel ou fortuit. C'est la couleur pure liée à l'expression immédiate de l'Universel. Et ce n'est pas, sans une jubilation malicieuse que je vois ainsi, s'accorder à l'art robuste et sain de PARSUS, les formules par lesquelles, en 1921, on essayait de justifier l'anémie cérébrale de la peinture métaphysique (Piet Mondrian, Kandinsky et etc...).
Jean Giono


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